On entend souvent dire que pour évaluer la stabilité du manteau neigeux, il faut bien suivre l'évolution de la météo. D'accord mais comment interpréter les conséquences de cette météo, que faut t'il suivre ?
L'article suivant est tiré de la formation en nivologie qu'a réalisé l'ANENA le 16 décembre 2006 à grenoble, il est tiré de l'exposé de Fredéric Jarry : l'impact de la météo sur la nivologie. Il a pour but une meilleur utilisation des connaissances de base en nivologie sur le terrain.
L'évolution spatiale et temporelle du manteau neigeux en fonction de la météo dépend de deux paramètres, les facteurs mécaniques et les facteurs Thermodynamiques.
Facteurs mécaniques :
- Le poids de la neige va réaliser une transformation des grains de neiges fraîche en particule reconnaissables.
- Les chocs intra-cristaux de neige générés par le vent vont agir de la même façon, mais la transformation va aller jusqu'au grains fins.
différents types de cristaux de neige fraîche : source SnowCrystals.com visitez leur site.
particules reconnaissables :
grains fins :
Les grains fins se soudent par des ponts de glace, ce qui donne de la cohésion au manteau neigeux c'est de la cohésion de frittage. Un prélèvement avec une pelle à neige donne un bloc.
Pour apprendre à reconnaitre les cristaux de neige sur le terrain procurez vous une plaquette d'identification des cristaux de neige et loupe sur le site de l'ANENA. Hors encadrement par des personnes habilités un skieur ne devrait pas se trouver hors des domaines sécurisés, sans une formation adéquate, qui lui permette entre autre d'être capable d'identifier les différents types de cristaux de neige.
Facteurs thermodynamiques :
- La présence d'eau liquide va transformer tous les types de grains à savoir neige fraîche, particules reconnaissables, grains fins et gobelets en grains ronds. C'est le seul mécanisme avec la fonte qui est apte à faire disparaître les gobelets. Les gobelets peuvent disparaitre grace à l'action de la pluie d'importance suffisante, d'une forte hausse de température due à un redoux ou bien avec l'ensoleillement printanier. Ce qui implique que les gobelets, dont la formation est privilégiée en début d'hiver (manteau neigeux peu épais, températures basses), pourront être présents jusqu'au printemps.
grains rond :
- Le gradient de température : Le gradient de température exprime la répartition verticale de la température dans une couche de neige. Il s'obtient en calculant la différence entre la température de base et la température au sommet de la couche, rapportée à l'épaisseur de cette couche.
GT°=4°C/m
Le gradient est faible lorsqu'il est inférieur à 5°C/cm. On a dans ce cas une transformation de particules reconnaissables en grains fins.
GT°=8°C/m
Le gradient est moyen lorsqu'il est compris entre 5°C/cm et 20 °C/cm. On a dans ce cas une transformation de particules reconnaissables en grains à face plane.
GT°=40°C/m
Le gradient est fort lorsqu'il est supérieur à 20 °C/cm. On a dans ce cas une transformation de particules reconnaissables en gobelets (de par le danger qu'ils représente tout skieur hors piste doit absoluement en avoir déjà vu et savoir les reconnaîtres. On reconnaît les gobelets ou les faces planes à leur consistance proche du sucre ou de la farine suivant le type. Il est impossible de faire une boule de neige avec. Une simple loupe permet de les voir.
La météo va donc orienter l'évolution du manteau neigeux.
Le vent par les chocs qu'il crée sur les cristaux va donner de la cohésion à la neige. Ce processus peut aboutir à ce que l'on appelle une plaque à vent, c'est à dire une cohésion allant de forte à faible selon l'intensité du vent et la durée de l'épisode de vent. Cette plaque qui peut être dure ou friable est parfois impossible à détecter visuellement.
Attention, il ne faut pas oublier que la plaque à vent n'est qu'un cas particulier de plaque, et que des plaques, souvent encore plus difficiles à identifier, peuvent aussi se former en l'absence complète de vent.
Les chutes de neiges par le poids qu'elles engendrent vont tasser le manteau neigeux.
A cause du pouvoir isolant de la neige, seule la couche de surface subit les effets de la météo. Lorsque l'on fait une coupe de neige afin d'estimer la stabilité du manteau neigeux, on ne prend pas en compte les caractéristiques de la neige située à plus de 1 mètre de profondeur : on estime souvent que la contrainte exercée par un skieur n'atteindra pas les couches fragiles situées à plus d'un mètre, un mètre cinquante, de profondeur.
Nota : même si parfois une cassure peut faire à certains endroits plus d'un mètre d'épaisseur, et donc que la couche fragile était située à plus d'un mètre de profondeur, le plus souvent la rupture a été initiée là où le manteau neigeux était le moins épais, moins d'un mètre d'épaisseur (les cassures sont très souvent irrégulières dans leur épaisseur. Par exemple, un skieur a déclenché une plaque à La Clusaz en février 2007 dont l'épaisseur oscillait entre 30 cm (couche fragile sous 30 cm de la plaque) et 200 cm. La couche fragile était bien, à un endroit, sous 200 cm de neige, mais c'est là où elle se situait à 30 cm de la surface qu'elle a rompu.
Facteurs liés à l'orientation :
La nuit les faces Nord et sud se refroidissent par rayonnement infrarouge de façon identique. Le jour le refroidissement par rayonnement de la face sud est compensé par le rayonnement solaire. Les faces nord, par des plus basses températures de la couche de neige de surface, favorisent l'apparition des gobelets.
Lors de conditions douteuses ces faces seront donc évitées, ainsi que les passages à l'ombre sur un itinéraire.
Lire l'aricle sur les plaques à vent
Pour en savoir plus consultez le site de l'ANENA qui est une référence dans le domaine des avalanches. Vous pouvez également vous renseigner auprès du club alpin français ou de la FFME pour des stages de terrain.
Je vous recommande le téléchargement gratuit du Guide Neige et Avalanches (C. Ancey) qui a été publié la première fois en 1996 par la maison d'éditions Edisud.
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Paul TROUILHET. article protégé © 2006